Les dérives relativistes de la communication (notes)

Jean-Denis Kraege

La questions traitée : les effets de la numérisation de la communication sur la question de la vérité
La thèse défendue : le relativisme induit par la numérisation de la communication entre les humains est une fatalité ; comme face à toute fatalité, il y a lieu de lui résister ! La question qui se pose alors, c'est « Comment ? ».
Remarque : le relativisme ne date pas d'il y a 15 ans, mais a été exacerbé par la numérisation de la société et particulièrement par l'apparition de réseaux sociaux (2006). (Sophistes, Nietzsche, Feyerabend, post-modernisme)

1. Rapide analyse de la situation

Quelques remarques éparses pour décrire une ambiance de manière purement impressionniste

- L'inflation du nombre d'informations grâce aux réseaux de communication démultipliés : le nombre de bits émis par l'humanité depuis le début de l'histoire jusqu'en 2009 est estimé à 5 milliards de milliards. Il a fallu 2 ans pour doubler ce nombre. En 2013, il fallait deux jours pour atteindre ce nombre. Accélération vertigineuse. Prolifération inouïe des informations, qui tombent sur chaque individu, informations que plus personne n'a le temps de vérifier, de mémoriser. Impossible distance : prendre ce qui, dans la masse, me convient et retransmettre ce qui me parle, ce qui suscite des émotions. La « vérité » qui se dessine, c'est ce qui fait vibrer majoritairement les foules. On a  définitivement cessé de rechercher LA vérité.

- La prolifération des fake news. Le simple fait qu'elles existent et leur nombre croissant créent un climat de défiance généralisé : Trump-Obama doublés plus ou moins exactement par des humoristes : dépassé ! ; un logiciel bientôt à disposition du grand public permet de faire dire à une personne n'importe quoi sans qu'on s'en aperçoive. Quand tout peut être vrai ou tout peut être faux, il n'y a plus aucune hiérarchie des vérités.
Ex. : L'Iran a-t-il détruit en partie une raffinerie saoudienne ? On ne sait plus après les armes de destruction massives de Saddam Hussein qui ont servi à justifier la deuxième guerre d'Irak.

- Quand il y a une telle inflation de l'information et des mises en réseaux de réseaux, une nouvelle fait soudainement boule de neige, déclenche une avalanche, on ne sait trop pourquoi. Il est alors très difficile, voire impossible de la contenir. D'autant que ces avalanches ou leurs couloirs sont parfois orchestrées par des gens ayant de moyens financiers très importants leur permettant d'avoir accès aux profils individuels d'une quantité énorme de personnes qu'ils peuvent influencer.

-  Grâce au numérique on donne l'illusion de la démocratie enfin directe, mais de fait on manipule l'opinion . En politique, la « vérité » (contrer la Chine, l'Europe, les migrants) n'est plus faite que de l'addition de toutes les rognes, rancoeurs et colères : ce contre quoi on est d'accord ; aucune proposition constructrice. Aucune quête de vérité, seulement de pouvoir. Et lorsqu'on s'en aperçoit, on ne fait plus confiance à personne (ce que cherchent les dictateurs)

- Internet représente aussi la mort des experts et l'expertise de chacun (tous médecins ; deux parents apportant in extremis leur enfant à l'hôpital de l'enfance, car ils s'étaient longuement disputés sur la base de sites internet différents.

- Argumentation-tweet : Obama-Trump. L'attention que l'on donne au récit (story telling) est due à son intrigue, celle du tweet, à la transgression. Incitation à transgresser toujours davantage les normes et la vérité. Pourquoi ? Le récit exige une cohérence pour être pris au sérieux. Une juxtaposition de très nombreux tweets n'exige plus aucune cohérence de celui qui les émet puisque le récipiendaire n'a plus les moyens de contrôler cette cohérence, ne retient dans la masse que ce qui lui plaît ou ce qui le scandalise au nom de sa propre cohérence. Cela va être abondamment exploité : Salvini envoie des messages aux défenseurs de l'environnement où il accuse l'Union européenne de ne pas suffisamment protéger les oiseaux et d'autres messages aux chasseurs pour dénoncer les restrictions qu'impose l'Union Européenne à la chasse aux mêmes oiseaux (idem c/o Farage). Autre effet pervers de la parcellisation de la vérité : puisque les puissants de ce monde peuvent arranger la vérité à leur profit, pouruqoi ne le pourrais-je moi aussi ?

- Les algorithmes binaires travaillant sur la base du besoin de simplicité du public (aime/n'aime pas), ils renforcent la bipolarisation, les simplifications, la réduction de tout à des prétendus faits présentés comme vrais ou faux ; la supposition devient impossible, les nuances dans le jugement également, la dialectique entre arguments contraires encore moins. ( Dans le même ordre d'idées : se demander ce que pensent les 40% de Suisses quand on nous dit que 35% pensent que... contre slt 25% qui ne pensent pas que...)  Quand on s'en aperçoit : défiance généralisée à l'égard des sondages.

- Ce qui caractérise tout ce qui vient d'être énuméré : le renoncement à l'exigence de cohérence et de respect des faits.

2. Conséquences : l'exemple ecclésiastique

- Les conséquences de ce relativisme généralisé se remarquent dans tous les domaines de la vie. Je prends à titre d'exemple un exemple que je connais. Ce que je vais dire ne date pas de l'ère des réseaux sociaux, mais est grandement encouragé dès leur apparition.

- Dans cette ambiance, dans une paroisse tout le monde a raison du fondamentaliste le plus crasse au libéral le plus relativisateur. Résultat : pour plaire à tous, l'ecclésiastique tolérant s'en tient à quelques rites, actes compassionnels-charitables, affirmations générales, consensuelles et pas nécessairement fidèles à l'évangile et prêche la tolérance comme valeur morale centrale. On assiste ici au replis sur la tradition liturgique, là sur la vie communautaire, sur la compassion, sur les thèmes à la mode (écologie, féminisme) ou sur la possibilité de dire ce que l'on ressent.

- Parmi les ministres, on pense être en droit de faire dire au texte biblique ce que bon nous semble ou presque au non de la pluralité (postulée jamais démontrée) de ses sens. Je ne veux pas dire par là qu'il ne peut pas y avoir polysémie d'un texte, mais écoutons Eco : plusieurs sens possibles certes, mais certains impossibles.
Dans la même ligne, on assiste au retour de l'allégorèse : on parle de pain chez Abdias, vite tirons le texte en direction de la Sainte Cène ; trois jours dans un texte de l'AT : la résurrection. Les réformes protestantes ont fait d'énormes efforts pour libérer le christianisme de l'allégorèse et de son relativisme et voici qu'elle revient au galop !

- la prédication comme dialogue entre les participants qui sont tous des experts introduit par le « théologien » de service

- L'affirmation la plus consensuelle : « toutes les religions se valent, il se trouve simplement que je suis né chrétien » ( comme si on naissait chrétien!), c'est donc là mon expression du religieux. Ou bien : toutes les religions se valent ; je prends donc ce qui me convient en plusieurs d'entre elles : le supermarché du religieux

- les institutions étant causes de dissensions, concentrons-nous sur la seule spiritualité individuelle, MA vie intérieure.

Conclusion de 1 & 2 et lien avec 3

Partout dans le « monde numérique » le relativisme triomphe. S'agit-il d'une fatalité ? Oui ! C'est le propre du monde structuré au travers du modèle informatique que d'inciter au relativisme. Mais les fatalités sont là pour qu'on leur résiste. Comment dès lors se convaincre et convaincre les autres de résister et quels sont les bons angles d'attaque permettant une résistance sinon réussie, du moins sérieuse ?

- Dit autrement : le mot d'ordre du néo-libéralisme c'est : « s'adapter » (ou : « opérer la transition »). Or doit-on s'adapter au relativisme ? Non ! Comment convaincre autrui ou se convaincre soi-même de ne pas s'adapter ? Une question d'argumentation.

3. Trois raisons de refuser le relativisme ou comment argumenter face à un interlocuteur relativiste

Ce qui ne marche malheureusement que difficilement

- D'abord nous avons tendance « intellectuellement » à aligner des arguments contre le relativisme qui satisfont notre raison, mais qui ne peuvent pas servir d'argument dans tous les cas quand il s'agit de convaincre un utilisateur invétéré des réseaux sociaux, quelqu'un de déterminé par « l'immédiateté numérique », quelqu'un qui s'est résigné... A l'heure du tweet, l'argumentation ne passe plus. Cul-de-sac.

1. - On peut essayer de convaincre son interlocuteur que le relativisme est autocontradictoire. Il se présente comme une vérité : la vérité selon laquelle il n'y a pas de vérité ou que tout est également vrai. Il devrait s'accepter comme une vérité parmi d'autres et autoriser le dogmatisme par exemple, mais d'autres manières de voir aussi, on y reviendra.
2. - On peut aussi tenter de faire valoir que les fake news, la défiance à l'égard des experts et toutes les formes de discours relativisateurs visent en définitive à subrepticement imposer des « vérités » à l'opinion publique sans discussion possible (dogmatisme) (l'exemple de Trump).

- Je vous propose d'avoir dans notre manche un troisième argument peut-être plus immédiatement pragmatique quand nous sommes confrontés à des relativistes : un argument de niveau existentiel.

- Thèse (1ère partie) : C'est fondamentalement à un niveau existentiel que la possibilité qu'existent plusieurs vérités à un même propos n'est pas tolérable.

- Une pluralité de possibilités est toujours cause d'angoisse, de déstabilisation, « on ne sait plus à quel saint se vouer ». Or personne n'aime, ne supporte d'être écartelé entre plusieurs vérités. C'est déjà le cas quand ces vérités sont disparates. Ce l'est encore davantage lorsqu'elles sont contradictoires. Exemple biblique : le possédé de Gerasa qui crie à Jésus que son nom est légion car nous sommes beaucoup (Mc 5,9)

- 2e partie de ma thèse : Derrière cette angoisse se cache un besoin de se comprendre soi-même de manière cohérente (répondre à la question existentielle de la vérité). Le besoin de vérité est donc un besoin existentiel avant d'être une exigence intellectuelle, une exigence d'éthique de la communication ou une exigence « pratique ».

- Développons quelques conséquences de cette thèse selon laquelle le besoin de vérité est un besoin de cohérence. Cette cohérence doit être pour le moins triple.

  1. Au plus intime de moi-même, j'ai besoin d'articuler de manière cohérente les diverses relations constitutives de ce que je suis (à soi, autrui, nature, culture, temps, Dieu). Toute incohérence est déstabilisatrice. « Je ne me comprends plus moi-même » beuglait une chanteuse à la mode dans un bistrot.

    Exemples : je suis attaché à Dieu, créateur du ciel et de la terre. Par ailleurs j'ai en horreur de la nature, je suis un homme des villes, ou bien je déteste mon corps, méprise la sexualité comme impure... Contradiction à résoudre. Ou bien : défenseur de la nature, mais aussi attaché au progrès économique, contradiction (PLR).

  2. Toutefois cette cohérence interne n'est possible que si je possède un certain nombre de vérités assurées à propos de ce avec quoi je suis en relation . Si les relations que je dois mettre en relations sont flottantes, ambigües, ne sont pas claires et distinctes, la cohérence de niveau existentiel risque constamment d'être remise en question. L'exigence de cohérence existentielle appelle donc la cohérence que j'appellerai pour faire très court « scientifique » (mais aussi philosophique : théorie de la connaissance, éthique...). De manière plus ramassée, on pourrait dire que la cohérence existentielle exige la cohérence et plus particulièrement la non-contradiction du discours scientifique. Cette cohérence du discours scientifique n'est possible que si existe, pour le moins dans les grandes lignes, une certaine « concordance » avec la réalité (H. Scholz) ou pour le moins une non réfutation par les « faits » (K.Popper).

    Exemple : je suis un quidam du début du XVIIe siècle : les uns me disent que la terre est au centre de l'univers, d'autres qu'elle n'est qu'une planète tournant autour du soleil, d'autre encore que ce soleil autour duquel nous tournons n'est qu'une étoile parmi des milliers d'autres. Moi qui avais bâti ma compréhension cohérente de moi-même sur l'idée que l'humain est au centre de la création car la finalité de la création (principe anthropique), je vois cette compréhension de moi-même radicalement remise en question par le flou existant au niveau scientifique.

- On a ainsi trois exigences de vérité ou de cohérence : 1. l'exigence de cohérence existentielle qui exige 2. la cohérence ou plutôt la concordance du discours avec les faits. Ces deux exigences doivent 3. être cohérentes l'un avec l'autre. Pour exemplifier cette troisième cohérence on peu penser à l'incohérence qui habite le physicien qui s'affirme chrétien fondamentaliste.

- A l'articulation cohérente de ces trois exigences de cohérence, nous avons l'exigence d'honnêteté intellectuelle.  Elle est fondée existentiellement et s'applique à l'usage de notre intelligence. A ce propos : l'intelligence artificielle peut-elle faire preuve d'honnêteté intellectuelle ? (cf. MAF en décembre!)

Encore une note à propos des réactions que suscite l'angoisse relativiste :

- Face à l'angoisse d'incohérence générée par le relativisme numérique, la réaction la plus commune est le dogmatisme. Il offre un semblant de cohérence avec des solutions à l'emporte-pièce. Ainsi s'expliquent à mon sens la percée ou le renforcement sur fond de relativisme exacerbé des illibéralismes, la défiance face à la démocratie et à son nécessaire pluralisme, mais aussi la montée des fondamentalismes religieux.

- Une autre réaction à l'angoisse d'incohérence consiste à se résigner à ce que le relativisme soit une fatalité. En conséquence je ne cherche plus aucune vérité. Je me recroqueville égoïstement sur ma vie personnelle. Mon seul mot d'ordre, c'est jouir au maximum de ce dont je puis jouir et laisser passer les mauvais moments en attente de jours meilleurs. Ou, tel Oblomov, me laisser porter par la vie de manière complètement nonchalante.
- Il est cependant une autre réponse à la quête de cohérence que le dogmatisme ou la résignation : la résistance.

4. Que faire face au relativisme dans la communication ?

4.1 Ce qui est impossible :

- La moralisation : faire la morale : dire la vérité c'est bien, mentir, c'est mal ; échec. A distinguer de l'exigence éthique (fondée existentiellement) d'honnêteté intellectuelle, de cohérence dans notre être entier.

- La grève d'internet ? Larry Sanger  (fondateur de Wikipedia): la grève des réseaux sociaux le 3 ou le 4 juillet dernier (à choix), un flop (même si pas dirigée contre le relativisme, mais contre les manipulations des réseaux par les géants du net)

4.2 quelques possibilités

  1. - Rappeler les autocontradictions du relativisme à l'intention de qui accepte une réflexion sur soi-même ( 1. le relativisme est une réalité affirmant qu'il n'y a pas de vérité ;
    Le relativisme est une tactique pour imposer une idée dogmatique).

    Exemple de 1 : face à quelqu'un qui prétend que toutes les religions se valent, cela donne : OK, mais la religion qui affirme qu'elle est supérieure à toutes les autres, est-elle aussi valable ? Or quand le christianisme affirme que nul ne vient au Père que par Jésus, il ne dit pas que toutes les religions se valent. Réponse du relativiste : écarter le christianisme. Rétorquer : toutes les religions se diront supérieures... Le relativiste : alors renoncer à toutes les religions. Réponse : être relativiste en matière de religion, c'est être de fait athée ou agnostique.

    Exemple de 2 : qui affirme que toutes les religions se valent ne le fait-il pas pour ne pas avoir à subir les exigences qu'impose la cohérence des grandes religions (en particulier quand elles se prétendent révélées) et pour pouvoir se fabriquer « dogmatiquement » (sans se soumettre à la critique des autres religions) un dieu à sa convenance ? Parfois on dit aussi que toutes les religions se valent pour se débarrasser du religieux tout en donnant l'apparence de rester teinté d'une religiosité très personnelle !
     

  2. - S'en tenir sans compromis à l'exigence d'honnêteté intellectuelle non seulement concernant soi-même, mais autrui. Sur les réseaux sociaux, par des contributions online (commentaires etc.) etc., se faire les Socrate du net : ne pas laisser passer, exiger de fonder une affirmation, de montrer la cohérence de plusieurs affirmations, d'argumenter : d'expérience prend un temps considérable (cf. Questiondieu.com). En ce sens on pourra prendre l'exemple d'Aude Favre, cette journaliste française qui s’attache à «debunker» la fausse information sur «What The Fake», sa chaîne YouTube. «J’ai commencé avec mon téléphone dans ma cuisine, après les attentats de Charlie Hebdo et l’élection de Donald Trump. J’appelle, je vérifie, j’enquête. Cela me demande moins de travail que tous les documentaires que j’ai faits pendant dix ans. On me dit: enfin une journaliste qui fait son boulot. J’ai retrouvé tout le plaisir et l’utilité de mon travail.» (Le Temps du 5 septembre 2019).
     
  3. - Quand on critique le relativisme on se fait très vite accuser de dogmatisme. Face à cette accusation, refuser la pensée binaire. Montrer qu'il existe une alternative au relativisme et au dogmatisme : le perspectivisme. Le perspectivisme affirme, contre le relativisme, qu'il existe une vérité, mais que, contre le dogmatisme, cette vérité ne peut jamais être saisie que de différents points de vue particulier. Par ailleurs de nombreuses manières de considérer la réalité sont réfutées par la réalité-même. Cf. Eco. Le perspectivisme ne consiste pas à dire que chacun a son point de vue, mais que nos capacités sont limitées et qu'il s'agit de considérer une vérité de divers points de vue pour la saisir autant que faire se peut. Il repose sur la constatation qu'existe des figures ambigües (le dessin de la vieille et de la jeune fille ou celui du lapin et du canard que l'on peut saisir alternativement, mais pas simultanément. T pourtant il n'y a qu'une seule figure).
     
  4. - Défendre mordicus la presse écrite : on peut contester toute « vérité » qui y est développée, car les écrits restent, des archives sont constituées, il y a un éditeur responsable. D'où une certaine honnêteté intellectuelle que l'on peut attendre de ceux qui la publient, ce que l'on ne peut exiger de l'anonyme qui « poste » quelque chose sur internet.
     
  5. - La solution de Barack Obama (story telling- argumentation en utilisant Netflix). Utiliser aussi massivement que possible le numérique pour subvertir ce à quoi il incite.
     
  6. - Défense du monothéisme trinitaire : s'il y a un seul Dieu, alors il y a une seule vérité ; cela repose sur le lien qu'il convient d'établir entre Dieu et la vérité ; il s'agit là d'un élément de ce que l'on qualifie habituellement de doctrine du Saint-Esprit ; les méfaits du polythéisme – aujourd'hui du relativisme religieux (supermarché du religieux) : effondrement existentiel, car on ne sait à quel dieux se vouer : on ne peux satisfaire deux passions d'importances égales surtout quand il s'agit de deux passions absolues pour des absolus. Il semble à ce titre que l'une des raisons de l'avancée du judaïsme comme du christianisme dans l'empire romain ait résidé dans leur défense résolue du monothéisme et d'une éthique (en particulier épistémologique : honnêteté intellectuelle) qui lui est liée. Ce monothéisme devra être trinitaire, car on ne peut percevoir le Dieu unique que d'une seule perspective à la fois et il faut au moins trois perspectives différentes pour tenter d'en dire quelque chose.